Le couple Tracy et Duncan ne peut pas avoir d’enfant. Tracy bascule alors dans une parodie de maternité en adoptant un bébé-choux… au grand désarroi de Duncan. Un roman graphique touchant, sur les dérives d’une vie de couple.
L’histoire Duncan vit très mal sa vie de couple car sa femme, Tracy, se prétend enceinte depuis six mois. En fait, elle joue la comédie jusqu’à lui faire des caprices et porter un faux ventre. Duncan n’en peut plus et tente de faire cesser ce jeu absurde. Tracy le fait culpabiliser un maximum. Lors de leur rendez-vous chez leur analyste Fenimor Altman-Granger, ils essaient tant bien que mal de trouver une solution à la crise dans leur couple. L’analyste leur parle alors des bébés-choux. Il s’agit, en fait, de mettre en scène l’arrivée d’un faux bébé, comme s’il s’agissait de son propre enfant. Le couple se rend alors à la Cabbadge Patch Kid Corporation afin de faire l’acquisition d’un de ces bébés. Tracy semble exaltée par l’idée de cet enfant, tandis que Duncan, par amour pour sa femme, subit cette nouvelle expérience. Ils choisissent leur enfant, le sexe, la couleur des yeux, le poids, le tout livré avec un certificat de naissance. Tracy et Duncan choisissent le nom de leur futur enfant. Elle s’appellera Benvenida…
Ce qu’on en pense sur la planète BD Ce roman graphique est l’adaptation d’une nouvelle de feu Jean Vautrin, écrivain, réalisateur et scénariste de films. Avec l’aide de la dessinatrice Eugénie Lavenant, ils racontent l’expérience de vie dramatique d’un couple en crise. En effet, Tracy impose à son ami Duncan une méthode complètement absurde pour compenser son désir d’enfant : l’adoption d’un bébé-choux. Le lecteur plonge dès lors dans le désarroi certain de l’homme qui, par amour de sa femme, va accepter de jouer le jeu d’une situation plus que grotesque. Tandis que sa femme s’enfonce dans un dénis, lui espère retrouver celle qu’il aime, une fois son désir comblé. Vautrin montre dans son histoire que rien n’est simple dans un couple. Il montre la part psychologique fragile des personnages et le danger que peut engendrer ce genre de dérive. Duncan se réfugie dans son travail au point de se détruire lui-même tandis que sa femme Tracy développe une fragilité voire un traumatisme psychologique pouvant amener le pire.
Eugènie Lavenant met en scène ce récit avec un trait réaliste simple et une palette de couleurs entre le jaune orangé, le vert, le rouge et le noir. Une ambiance graphique particulière et froide, qui colle cependant au ton nécessaire pour ce récit touchant, voire dramatique, d’une vie de couple américaine lambda.

Jean Bernard Vanier
www.planetebd.com / août 2015